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Coucher de soleil sur la côte du Queensland, à mi-chemin entre Brisbane et Bundaberg |
Nous sommes dans la chambre des gars (ou devrais-je dire le garage dans
lequel se trouve un foutoir monstrueux) où j’aperçois des semblants de lits
superposés, puis une seconde paire à côté. On me présente aux autres Helpers de
la ferme, très bien, allez bonne nuit les gars ! Mon cerveau est en grève
(on ne se moque pas ;p ).
Le lendemain, je ne me lève pas pour aller travailler, ils m’ont dit de
rester au lit si je voulais, cool ! Il y a un français Corentin et un
coréen Chris dans la chambre. Nous discutons pas mal. Le français quitte la
ferme jeudi, après deux mois passés ici. Le coréen en est à son troisième mois,
et s’en va dans une dizaine de jour pour Brisbane. Ils sont vraiment sympas,
malgré les lacunes de Chris en anglais, nous nous débrouillons comme toujours,
et tout roule !
Corentin m’avertit cependant rapidement, que les "aideurs" ne
sont pas tous considérés de la même manière ici, et que je m’en apercevrai
vite. Et effectivement, Chris est vraiment traité différemment. A partir de cet
instant je commence vraiment à avoir de gros à priori, J’ai même « la
haine » en écrivant cette partie du message. Donc oui, Chris n’est visiblement pas respecté, du tout. La
famille des fermiers se moquent de lui, devant ou derrière son dos. Il se fait
engueuler pour rien en quasi-permanence. Tout le monde lui parle sur un ton
infernal et avec des mots dégradants, y compris la petite-fille de 4 ans, qui
fait comme sa mère, sa grand-mère et son grand-père, que de « bons »
exemples pour cet enfant, ma parole !! Ca devient rapidement écœurant pour
ma part. A la fin de mon premier jour, je pense déjà à partir, mais sans être
certain, car je n’ai pas de plan de secours. Je m’entends bien avec le
français, mais il part le lendemain, c’est dommage. Chris est vraiment gentil.
Ce gars-là fait de son mieux pour aider les fermiers, que ce soit dehors pour
les légumes (courgettes et tomates), ou dans la maison pour le ménage, les
repas, la plonge et le rangement. A la fin du deuxième jour, je suis à peu près
certain de partir : J’en ai discuté avec So Yung la coréenne, qui elle est
arrivée deux jours avant moi. Elle m’explique ne plus pouvoir supporter la
situation. Nous ne sommes donc pas fous : les membres de cette famille
sont des tarés. Je comprends mieux pourquoi aucun commentaire de Helpers ne
figure sous l’annonce du site internet HelpX qui nous a mis en relation. Mais
ne t’inquiètes pas, ils vont avoir une belle surprise dans quelques jours, je ne
vais pas les râter.
Vendredi, je suis toujours dans la ferme, je m’entends plutôt bien avec
eux, bizarrement. Mais je sens la pression, un pas de travers nous est
interdit, au risque de nous prendre une engueulade. Ne serait-ce que ranger une
casserole dans le mauvais tiroir t’attire les foudres de la maîtresse de
maison. Lever à 5:50 ce jour (avec le décalage horaire que je subis encore,
c’est atroce), à 6:30 je suis dans le tracteur pour aider les ramasseurs des
légumes, ça se passe plutôt bien. Puis à 9:30 on commence à arracher les pieds
des courgettes ramassées précédemment. Le travail est fatal pour le dos, mais
je fais de mon mieux pendant deux heures. Chris avance trois plus vite que moi,
et deux fois plus vite que le fermier. Il est ultra efficace mais se ruine le
dos. Il veut faire de son mieux en espérant remporter une prime de départ
(parachute en plomb de $500 pour 2 mois) sachant que c’est peine perdue pour
lui. Fin de la matinée, il est 11:30 je m’effondre sur mon lit, c’est l’heure
de la sieste, le papy. Je me
réveille, je déjeune, et là, on nous appelle : nettoyage !! Toi, le gars dont je ne sais pas le nom, tu vas
nettoyer la salle de bain et les chiottes. Heu oui ok, à quelle heure ?
Maintenant ! Quoi ?! Je réalise qu’en plus de travailler
gratuitement 5 à 6 heures par jour, 6 jours sur 7, ils veulent que l’on fasse
toutes les corvées de nettoyage de temps en temps dans un cadre très
« amicale et plaisant ». Nous aidons plus tard aussi à préparer les
dîners, puis déservons, faisons la vaisselle, et rangeons la vaisselle… normal
certes, mais sous leurs regards sans gène. Heu,
ça va ? T’as pas l’impression de me regarder faire la vaisselle là ?
Tu veux que je t’indique où se trouve ton torchon pour essayer ta vaisselle,
peut-être ?!
Nous sommes vendredi soir, So Yung vient me voir : je pars demain. Je lui réponds, bon, tu ne seras pas toute seule, tu
m’incites à partir aussi. C’en est fini, je claque la porte, même s’ils
sont plutôt corrects avec moi, leur comportement général m'insupporte au plus
haut point. J’ai bien envie de dire : Ciao !
N’oubliez pas de regarder les commentaires de HelpX dans quelques jours, je ne
vous louperai pas ! Quitte à avoir un commentaire négatif me
concernant en retour, ça m’est égal. Je vais laisser mon pauvre camarade coréen
tout seul dans cette famille de requin sans âme, mais il n’a plus que 6 jours à
effectuer, courage mate !
Le lendemain, samedi matin, j’entends la famille partir à leur église pour
la journée, je me lève serein, j’ai très bien dormi ! Je prends le plus
gros petit déjeuner possible, il faut bien que je tienne la journée, n’est-ce
pas ? Je boucle mes sacs à dos, puis croise la coréenne dans le
couloir qui me dit : « je t’emmène jusqu’à la route avec le
quad ? ». Et me voici parti sur la route, into the wild, avec mes pieds pour avancer, et mon pouce pour faire
de l’auto-stop. Premier objectif : Rejoindre Childers ;
distance : 8km ; poids sur le dos : 27kg (dont 2kg de fruits et
sandwichs). L’auto-stop n’est pas chose aisée, les voitures me doublent,
jusqu’à arriver un kilomètre avant Childers où un fermier s’arrête et me
prend : « tu viens de chez David ? »… Stupeur ! le
fermier devine d’où je viens ! Du coup je reste vague en lui
répondant : « oui oui, je suis resté 1 semaine chez eux, et j’ai trouvé
une autre ferme où aller autour de Bundaberg. C’est quoi le nom de votre chien,
il est trop mignon ! ». En y repensant, je n’ai pas honte de mon
action ; les bad guys ce sont
les gens de cette ferme, pas moi. Pas de honte à avoir. Je rédige également un
message sur Facebook, ce n’est pas vraiment dans mon habitude, mais j’ai le
sentiment que c’est une drôle d’aventure qui mérite d’être partagée.
Deuxième objectif : rejoindre Bundaberg en car. Ce soir je dors dans
un backpacker de la ville, après être passé dans trois autres complets « no
vacancy » ! J’ai eu peur à un moment donné de devoir dormir sur
un banc du parc ! Mais me voici à fêter l’anniversaire d’une des
irlandaises du backpacker. Coucher tard (très tard pour l’Australie, il est
2:00), quand je vous disais que le Queensland c’était la fête. Lundi, je
prendrai la direction de la nouvelle ferme, et celle-ci sera la bonne pour
les 2-3 semaines à venir ! B-N !
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Trouvez l'ibis !... Ces chauves-souris atteindraient les 1,20m d'envergure !! |