Il est l’heure de
quitter la ferme "Dalmore" d’Emilie, de Daniel, et de leurs jumeaux de leur surnoms Nathy
et Olly. J’ai eu un peu de mal à trouver ma destination suivante, car la
plupart des fermes de répondent malheureusement pas aux requêtes envoyées par e-mail. Mais il
y a quelques jours, Emilie et Dan m’ont garanti que je pouvais rester aussi
longtemps que nécessaire jusqu’à ce que je trouve une autre exploitation
agricole où me rendre… Il faut dire que l’appréciation qu’ils ont aimablement
rédigé à mon égard sur le site internet qui nous a mis en relation est plutôt
élogieuse. Sympa de leur part, ça change des appréciations que pouvaient me
donner les prof au lycée, surtout celles d’Eliane
Labute !!! « Menier tu fais quoi ? ». Bref, voilà qui
devrait faciliter ma recherche de fermes à l’avenir.

Je me souviendrai toujours de la température qu’il
faisait un matin au réveil, dans la caravane, 1°C ! Plus une seule goutte d’eau
pour faire la vaisselle car gelée. Cette intense sensation les jours où cette fraîcheur polaire
guettait mon lever au dessus de la couverture, de la couette et de la 2e
couverture. Ces jours aussi où je me faisais réveiller par le chants des
Kookaburras hilarants (la première fois, je me suis demandé quel oiseau
pouvait avoir un chant ressemblant autant au cri d’un singe !) ; ou encore
rien de plus plaisant que de sortir de la caravane avec un bon café chaud entre
les mains (mais pas avant 8h, faut pas pousser Mémé dans les orties hein), et
faire face, tout comme les deux alpagas non tondus, aux rayons du soleil levant
traversant le brouillard épais du matin. Je me souviendrai aussi du bon goût
des légumes composés en salade, dont une partie n'a pas été récoltée à temps, et qui m’a par conséquent permis de participer à la
refonte des bacs pour semer d’autres légumes de saison ; pour l'heure quelques poules résident temporairement dans ces bacs dans le but de labourer le tout et retirer les éventuelles graines. Ces légumes qui accompagnaient
les viandes cuitent au BBQ quasi quotidiens, bœufs et poulets élevés au grand
air (free range), de préférence, miam (yumee) ! Je
me souviendrai aussi des léchouilles de ces trois beaux toutous adoptés nommés Randy, Ruby
et Ben, qui se battaient pour savoir lequel d’entre eux donne le plus d’affection
à cette famille. Un bon bain leur ferait du bien, soit dit en passant, car voilà
plus d’un an qu’ils n’ont pas été lavés, je peux vous assurer qu’ils sentent bien
le chien. Et que dire de toutes les plates-bandes, refaites, autour de la maison, avec ces
centaines de bulbes et de graines plantés, c’est sympa de jardiner en grand, au
milieu des oiseaux intrigués de savoir ce qu’ils auront au menu d’ici quelques
semaines ou mois ! Il faudra installer des grillages (idée pour occuper les
prochains renforts « woofeurs » de la ferme). Je me
souviendrai aussi du châssis de la caravane, tellement Dan et moi y avons passé
de temps pour le poncer et le peindre ; mais ça en valait la peine : le
rendu est plutôt réussi ! j’ai aussi poncé une partie des quatre grands réservoirs à
essence ainsi que la carcasse métallique du hangar « partagé » (sharing shed) ; alors pourquoi sharing shed ? Parce que ce hangar sert
à la fois aux leçons de yoga de madame, aux entraînements de batterie de
monsieur, à un espace pour le snooker, à un espace gym/muscu, et au stockage de
diverses choses dont des quantités astronomiques de nourriture. Ah oui alors,
pour la petite histoire, ces quantités de nourriture contenues dans des seaux scellés
ont été accumulées juste avant le passage à l’an 2000 par le père d’Emilie qui
habitait alors dans cette ferme avant eux, en précaution des conséquences du bug
de l’an 2000. Il pensait, visiblement sincèrement, que le bug informatique annoncé
priverait la population de tout, dont les besoins les plus simples : la
nourriture. On peut trouver encore aujourd’hui du grain et du riz en quantité,
des conserves en tout genre qui se conservent longtemps de préférence, mais
périmées depuis tout ce temps. Après coup, ça fait sourire c’est sûr, mais avec
tout le tintamarre que la presse a pu faire à cette période, il suffisait d’un
zeste de prudence pour jouer à la fourmi ! Aujourd’hui, les seaux sont
déversés un à un, jour après jour, dans les enclos des poules et des cochons, qui
adorent ça !

Trente huit, c’est le nombre de jours passés, depuis
mi-avril et jusqu’à aujourd’hui, dans les fermes (biologiques de préférence, mais il
me semble que les fermes non-bio fonctionnent aussi pour l’extension du visa).
Il me reste donc cinquante jours à effectuer, pour le moment je peux dire que ça
avance à un bon rythme, et ce n’est pas pour m’en déplaire, car au moins je ne
perds pas mon temps, et ça fait partie de la découverte d’une partie des régions
excentrées de l’Australie où je souhaitais me rendre. Je verrai dès demain à quoi ressemble la prochaine
ferme où je vais me rendre. Je sais déjà qu’elle est beaucoup plus modeste, l’élevage est composé de
8 alpagas et de 5 chevaux, comparés aux 300 moutons et autres bestiaux d’ici,
je pense que le décor va changer.
Emilie et Dan. Je vous souhaite de bonnes
vacances en France, dans la maison de famille à côté d’Annecy. J'ai passé un mois extraordinaire en votre compagnie. Le travail ici a été un véritable plaisir. Merci pour tout, je me souviendrai toujours de la ferme Dalmore, soyez-en sûr ! A bientôt j'espère !